L’incontinence urinaire est un sujet tabou qui concerne plus d’un demi-million de personnes en Suisse. Une urologue préconise de consulter un médecin : dans la majorité des cas, il est possible d’instaurer un traitement efficace.
Un fou rire, le port d’une caisse lourde, un éternuement ou toussotement et voilà que quelques gouttes s’échappent : en général, la personne qui laisse échapper involontairement et à plusieurs reprises quelques gouttes d’urine dans son pantalon préfère l’oublier tout de suite. « Par honte, les personnes concernées ne s’adressent que tardivement à un médecin », explique Mirjam Bywater, urologue à l’hôpital cantonal d’Aarau et codirectrice du centre du plancher pelvien. Elle connaît les histoires de ses patients, trop souvent passées sous silence. Ils ne sont pourtant pas des cas isolés. En Suisse, environ 500’000 personnes souffrent d’incontinence urinaire, voire plus car le nombre de cas non déclarés est probablement très élevé. Les femmes et les personnes âgées sont les plus touchées : une femme sur trois en souffre et 15 % sont des seniors.
« Les femmes souffrant d’incontinence présentent souvent un affaiblissement des muscles du plancher pelvien dû à la grossesse et à l’accouchement », explique Mirjam Bywater. Elle ajoute : « à la ménopause, la baisse du taux d’œstrogènes peut encore l’affaiblir » Résultat : lors d’efforts comme en cas d’éternuements ou de courses, la vessie n’est pas (ou plus) correctement soutenue et l’urine n’est plus totalement retenue. Chez les hommes, l’incontinence d’effort survient souvent après une opération de la prostate.
L’hyperactivité vésicale est la deuxième cause la plus fréquente de fuites incontrôlées, par exemple en raison d’une hypersensibilité de la paroi vésicale. Le principal symptôme de cette incontinence dite d’urgence se résume à une irrépressible envie d’uriner. Une autre cause envisageable repose sur des maladies neurologiques telles que la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer, la sclérose en plaques ou une attaque cérébrale, lorsque les centres de commande du cerveau et de la moelle épinière ne fonctionnent plus de manière optimale. Des facteurs psychosomatiques peuvent également en être la cause. Les autres formes d’incontinence sont plutôt rares. « Chez 20 % des femmes souffrant d’incontinence urinaire, on diagnostique une forme mixte d’incontinence à l’effort et d’incontinence d’urgence », précise Mirjam Bywater.
Il est important de poser le bon diagnostic afin de mettre en place le traitement approprié. Mirjam Bywater : « L’entraînement du plancher pelvien est efficace pour les deux formes d’incontinence. En cas d’incontinence d’effort, on peut tout au plus remplacer l’œstrogène manquant pendant la ménopause ». Il ne faut pas oublier d’adopter une bonne hygiène de vie à des fins préventives : adopter une alimentation variée, perdre du poids et faire de l’exercice régulièrement, « privilégier le vélo au jogging », précise le médecin (voir encadré). En l’absence d’amélioration, on peut éventuellement envisager une intervention chirurgicale pour stabiliser l’urètre. En cas d’incontinence d’urgence, un entraînement vésical ciblé peut procurer une aide ; il indique les heures fixes auxquelles on peut aller aux toilettes.
« Les médicaments sont également efficaces pour réduire l’hyperactivité de la vessie, ou la stimulation électrique ciblée et non douloureuse des voies nerveuses », explique l’urologue. Quelle que soit l’origine de l’incontinence, Mirjam Bywater connaît des thérapies efficaces pour y remédier. Le courage d’appeler l’urologue, le médecin de famille, le gynécologue est le premier pas vers cet objectif : « Pour nous, votre histoire n’est pas gênante, elle n’est pas taboue. Nous l’entendons tous les jours et pouvons vous aider. »
Bettina Jakob
Dans les pharmacies, les personnes concernées trouveront des protège-slips ou des pantalons spéciaux pour hommes et femmes qui s’adaptent bien à l’anatomie, fixent les odeurs et absorbent les liquides. Certaines pharmacies proposent également des conseils en matière d’incontinence, en toute discrétion, bien sûr.
Rééduquer le plancher pelvien, notamment après un accouchement. En cas de troubles, suivre une physiothérapie ciblée.
Veiller à son poids corporel en adoptant une alimentation saine et une activité physique suffisante.
Eviter les efforts tels que les travaux physiques impliquant de porter des charges lourdes ou le jogging. Le vélo, la natation ou la marche nordique sont des sports plus doux.
Boire en quantité suffisante : le manque d’hydratation entraîne une concentration de l’urine qui peut irriter la vessie. Ne pas trop boire non plus, idéalement, un litre et demi à deux litres par jour.