Un art qui colle à la peau

Longtemps l’apanage des hors-la-loi, des marins ou des peuples premiers, l’art corporel s’est popularisé depuis une bonne trentaine d’années. Tatouage, piercing ou scarification sont plus tendance que jamais.

L’art corporel comme code de l’appartenance sociale
L’art corporel, parfois appelé « bijou corporel », désigne aussi bien les tatouages éphémères de type celtique ou au henné que les tatouages permanents, piercings, scarifications et autres écarteurs. Il existe d’ailleurs autant d’expressions de cet art que de raisons de le porter. Ainsi, c’est uniquement pour des raisons esthétiques que les femmes de l’ethnie Mursi, une tribu éthiopienne, portent des plateaux labiaux. Leur lèvre inférieure est percée puis tendue par un plateau d’argile. Une pratique douloureuse, mais plus le plateau labial est grand, plus la femme qui le porte devient attirante aux yeux des membres de sa tribu. En Inde, la marque de couleur portée sur le front, le bindi, est un symbole d’origine religieuse qui rappelle les idéaux du mode de vie hindou. Souvent, l’art corporel définit l’appartenance sociale. Comme pour les Iatmul, connus également sous le nom d’hommes-crocodiles, qui vivent en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Pendant les rituels d’initiation, les jeunes hommes se soumettent à une scarification douloureuse du dos, de la poitrine, des épaules et des cuisses destinée à imiter les écailles du crocodile.

Comment le tatouage est-il arrivé en Europe ?

Alors que l’art corporel a toujours été une tradition, surtout chez les peuples premiers d’Afrique, d’Asie et d’Amérique, dans le monde occidental, ils ont été longtemps réservés aux prisonniers, aux soldats et aux marins. En 1771, le capitaine James Cook a ramené en Europe les tatouages corporels qu’il s’était fait faire lors de son premier tour du monde.

Tatouages et piercings sont « tendance » depuis les années 1990.

Son voyage l’avait en effet conduit en Polynésie, berceau du tatouage, où « tatau » signifie aussi bien dessiner que blesser. Il a fallu attendre encore 200 ans pour que l’art corporel permanent soit acceptédans le monde occidental à partir de la seconde moitié du XXe siècle. Les tatouages sont apparus avec la vague hippie, les piercings avec le mouvement punk et dans les années 1990, on a assisté à un véritable boom. Les tatouages dans le bas du dos, les piercings du nez, de la lèvre inférieure et du nombril ont soudain eu le vent en poupe. Trente ans plus tard, l’engouement ne faiblit pas. Pour sortir du lot, il faut désormais subir ce que l’on appelle une « Bod Mod » (modification corporelle). Il s’agit, par exemple, de scarification par incisions volontaires de la peau ou de déformation d’un organe par insertion d’un écarteur comme le lobe de l’oreille, qui est étiré grâce à une tige d’expansion pour atteindre un diamètre de 12 à 14 millimètres.

Attention au choix du studio !

Que ce soit pour un tatouage ou un piercing, choisissez votre studio avec circonspection. Evitez les studios bon marché dénichés pendant vos vacances. Une remarque qui s’applique également aux tatouages à base de henné pratiqués à l’étranger. Inoffensifs en apparence, ils comportent souvent un additif qui rend la couleur plus foncée. Or, cet additif, le PPD, est interdit en Europe en raison de sa nocivité pour la santé. N’hésitez pas à vous renseigner sur les réalisations du studio, les techniques de travail et les conditions d’hygiène. Le studio vous donne-t-il l’impression d’être propre et bien entretenu ? Les outils sont-ils stérilisés après usage ? L’artiste tatoueur ou pierceur porte-t-il des gants jetables ? La zone destinée à recevoir le bijou corporel est-elle rasée avec un rasoir jetable, la peau est-elle nettoyée et désinfectée en profondeur ?

Réfléchir au choix du motif

Arriver chez le tatoueur sans idée précise de ce que l’on veut et se contenter de lui donner de vagues indications, c’est le meilleur moyen de ne pas être satisfait du résultat. Si vous décidez de vous faire tatouer, n’oubliez pas que le motif que vous choisissez restera en place pendant des années, car le tatouage est bel et bien une altération permanente. Si le motif ne vous plaît plus, vous avez la possibilité de le camoufler avec un nouveau dessin, généralement plus grand. Pour effacer un tatouage, la meilleure solution reste le laser. Une technique toutefois douloureuse et généralement onéreuse qui, de plus, laisse bien souvent des traces et des cicatrices.

Auteur: Suzana Cubranovic

CONSEILS du pharmacien

Vos soins après la pose d’un bijou corporel
Après un tatouage ou un piercing, les réactions allergiques, les inflammations ou les plaies ne sont pas rares. Retrouvez tous les conseils utiles et les bons produits pour prévenir voire soigner ces réactions indésirables dans votre pharmacie.
• Nettoyez très soigneusement votre tatouage pendant les quatre premiers jours avec un savon doux au pH neutre, tamponnez la peau pour la sécher, puis appliquez une fine couche de pommade hydratante et recouvrez le tatouage le soir avec du coton.
• Pendant la période de cicatrisation (au moins deux semaines), évitez l’exposition directe au soleil, le chlore ou l’eau de mer, les vêtements et les bijoux qui serrent.
• Evitez de vous grattez, de vous frotter, de vous baigner et de transpirer.
• Le piercing est toujours une blessure cutanée ; des bactéries, des champignons ou des virus qui pénètrent à travers la peau peuvent être à l’origine d’une inflammation, d’un abcès ou même d’une infection.
• Si vous êtes diabétique ou si votre système immunitaire est fragile, vous devez redoubler de prudence face au risque inflammatoire.
• Désinfectez la peau lésée deux fois par jour, matin et soir, jusqu’à ce qu’elle soit complètement cicatrisée et protégez le piercing avec un pansement si nécessaire.
• Si votre piercing est situé dans la zone buccale, refroidissez-le avec des glaçons de tisane de sauge.