Médecine – Une combinaison de médicaments contre l’antibiorésistance

Genève (ats) – En combinant un antibiotique avec un agent anticancéreux, une équipe internationale avec participation genevoise est parvenue à contourner l’antibiorésistance de la bactérie Enterococcus faecalis. Ces travaux sont publiés dans la revue Science Advances.

La résistance aux antibiotiques est l’un des défis sanitaires mondiaux les plus urgents: en 2019, ce phénomène a provoqué près de cinq millions de décès.

Un consortium de recherche réunissant l’Université de Genève (UNIGE), la Singapore-MIT Alliance for Research and Technology (SMART), le Singapore Centre for Environmental Life Sciences Engineering, l’Université technologique de Nanyang et le Massachusetts Institute of Technology (MIT) s’est attaqué à la bactérie potentiellement mortelle Enterococcus faecalis.

Cette bactérie très courante est à l’origine de nombreuses infections potentiellement mortelles. En milieu hospitalier, elle provoque notamment des infections des voies urinaires, du sang et des plaies dues à la pose de cathéters ou aux interventions chirurgicales.

Les souches les plus répandues – connues sous le nom d’Enterococcus faecalis résistants à la vancomycine (ERV) – sont devenues d’autant plus dangereuses qu’il n’existe plus de médicaments réellement efficaces pour les combattre, a indiqué mercredi l’UNIGE dans un communiqué.

« Face à l’augmentation des cas problématiques, il devient urgent de proposer des approches innovantes », indique Kimberly Kline, professeure au Département de microbiologie et médecine moléculaire de l’UNIGE et chercheuse principale chez SMART, citée dans le communiqué.

Médicament anticancéreux

Le mitoxantrone est un médicament utilisé dans le traitement de certains cancers – leucémie aiguë, cancer de la prostate et du sein – ainsi que de la sclérose en plaques. L’équipe de recherche a testé son efficacité contre les ERV, à la fois in vitro et in vivo, seul ou en association à la vancomycine.

« La puissante combinaison de mitoxantrone et de vancomycine que nous avons mise au point s’est avérée très efficace pour inhiber la croissance des ERV », détaille Jianzhu Chen, co-auteur de l’article, chercheur principal chez SMART et professeur de biologie au Koch Institute for Integrative Cancer Research du MIT.

De plus, elle possède également la capacité de renforcer le système immunitaire de l’hôte et d’améliorer la cicatrisation des plaies. Les scientifiques poursuivent actuellement des études précliniques en vue de préparer un essai clinique visant spécifiquement le développement de traitements locaux pour les infections chroniques des plaies de personnes diabétiques.

« En explorant toute une gamme d’applications, nous souhaitons proposer des stratégies thérapeutiques entièrement nouvelles pour lutter contre les pathogènes résistants », conclut Kimberly Kline.