L’étude, publiée jeudi, montre que l’encre de tatouage ne reste pas seulement dans la peau, mais s’accumule également de façon très rapide dans les ganglions lymphatiques et y reste piégée pendant parfois plusieurs années. Or, ces ganglions sont des organes clés du système immunitaire, explique dans un communiqué l’Université de la Suisse italienne (USI), à laquelle est rattaché l’institut de recherche.
L’encre coincée à l’intérieur des ganglions fait réagir les cellules immunitaires qui s’y trouvent. Ces macrophages se lancent alors dans la capture active de tous les pigments, déclenchant une réponse inflammatoire. Celle-ci connaît une première phase aiguë de deux jours, avant que la réaction inflammatoire ne devienne chronique.
La phase chronique, qui peut persister pendant des années, est particulièrement préoccupante, car elle affaiblit le système immunitaire, augmentant potentiellement la susceptibilité aux infections et au cancer, relève l’USI. Les macrophages sont, en effet, incapables de décomposer l’encre de tatouage.
Cycle infernal
Après ingestion des pigments, les cellules immunitaires meurent. Le phénomène est particulièrement marqué pour les encres rouges et noires, « ce qui suggère que les couleurs pourraient être plus toxiques », note l’USI. L’encre piégée dans les ganglions induit ainsi un cycle continu de capture puis de mort cellulaire.
Au fil du temps, ce processus perturbe le fonctionnement normal du système immunitaire, dont la mission est de protéger l’organisme contre les infections et le cancer. Les résultats de cette étude, qui a duré 7 ans, ont en tout cas de quoi soulever « des inquiétudes quant à la sécurité des tatouages« , souligne l’USI.
Les chercheurs, qui ont mené leurs travaux en utilisant des modèles murins et des sujets humains pour voir comment l’encre de tatouage se propageait dans l’organisme, ont également voulu savoir si l’efficacité d’un vaccin pouvait être atténuée s’il était injecté sur un bras tatoué.
Les scientifiques ont constaté que les souris tatouées sur lesquelles les tests ont été conduits produisaient une quantité d’anticorps « nettement » inférieure après la vaccination. Comme le souligne l’USI, « cet effet est probablement dû à l’altération du fonctionnement des cellules immunitaires qui restent associées à l’encre de tatouage pendant de longues périodes ».
L’étude, publiée jeudi par l’USI dans la prestigieuse revue spécialisée « Proceedings of the National Academy of Sciences » (PNAS), touche un grand public. Les tatouages, apanage, dans le passé, de certains groupes, se sont aujourd’hui démocratisés. Une personne sur cinq dans le monde en possède un.